Dahchour
2008
On prend un taxi jaune place Tharir.– Le premier, c’est le quatrième, explique un chauffeur qui a l’air d’être le chef. Finalement, après s’être enquis de notre destination, c’est lui qui nous embarque. Parce qu’il parle un peu anglais ? Parce qu’il a un grade supérieur aux autres ? Parce qu’ils font un roulement pour les courses les plus lucratives, c’est-à-dire les plus longues ? Difficile à savoir. Il y a des codes qu’on ne peut décrypter si l’on n’est pas égyptien.Dahchour : 45 kms au sud du Caire. On longe le canal, toujours aussi dégueulasse, véritable égout à ciel ouvert. Pour atteindre le site de Dahchour, il faut emprunter une route de terre bordée d’échoppes aux allures de Moyen-âge. Les enfants traînent dans la poussière, les ordures, la saleté, ce qui n’a l’air de déranger personne. Un homme perché sur une carcasse de voiture tape sur la carrosserie comme sur une enclume. Arrivée au site, gardé par des policiers, 25 livres l’entrée. On se gare devant la Pyramide rouge, parfaite de régularité. Une dizaine de personnes sont déjà là, mais pas de groupe. On peut descendre librement à l’intérieur, par une pente raide sur laquelle sont fixés des tasseaux de fer en guise de marches. Pénible pour les mollets. On accède ainsi à une première pièce très haute, puis une deuxième, avant d’arriver à la chambre funéraire, vide bien sûr. L’atmosphère est chargée d’ammoniaque. Irrespirable. La remontée se fait à toute allure, sans presque respirer. Vite, vite, de l’oxygène !

Finalement on s’y fait conduire, par une piste cabossée. Dommage de ne pas l’avoir approchée en douceur, car de près, elle ne ressemble pas à grand-chose, et perd même tout son relief, avec sa pente qui s’affaisse à mi-parcours. Il paraît qu’en conservant l’angle de 54 degrés, elle se serait écroulée, l’architecte aurait alors décidé de changer l’angle, ce qui donne à l’ensemble une allure de flan renversé.
C’est le premier janvier 2008. Il y a 4500 ans, des centaines de pyramides peuplaient le désert de la moyenne Egypte. Celles qui ont survécu nous écrasent encore de leur hauteur.
Le ciel se couvre de nuages gris bleus. Il faudrait être peintre, ou poète, ou les deux à la fois.