marchande

« Ils sont accroupis de froid dans les encoignures des portes, ils serrent leurs robes pour dérober leurs jambes et leurs flétries au vent glacé. En toute hâte, ils jettent des palmes supplémentaires sur les toits éventrés des maisons. Dans ces ensembles infinis d’immeubles de brique et de béton inachevés, ils tendent des papiers sombres devant les fenêtres sans carreaux. Comme il fait plus froid dans les maisons que dehors, ils allument des feux de gamelle au bord des trottoirs, autour desquels ils se pressent. C’est le sale hiver du Caire.

En fin de compte, à part quelques millions de pauvres, la pauvreté arrange tout le monde. Elle garantit une main d’œuvre bon marché, elle dompte par nécessité les humeurs belliqueuses, elle entretient l’ignorance, elle rend indispensable l’idée d’un monde meilleur après la mort et, surtout, elle maintient les prix bas pour tous. Elle est l’aubaine quotidienne des politiques, des religieux, des vieux et des nouveaux riches.

Pour la maintenir à tout prix, ils sont disposés à distribuer largement – des couvertures, du pain, du grain, de la soupe chaude, des conseils-, et même à en faire spectacle. La charité coûte tellement moins cher que la justice sociale. »

 

Paul Fournel, Poils de cairote

 

 

Il fait froid au Caire en hiver. Il fait souvent gris et sale, et la vue d’un gamin plongé dans un container à ordures vous met le coeur en vrac.  

 

petitdejtharir

Est-ce qu’il y a de plus en plus de femmes avec leurs paquets de mouchoirs assises à même le sol ? Ou est-ce que mes yeux les voient mieux qu’avant ? Il y a aussi ceux qui vendent leur poignée de légumes, ou leur kilo de poisson sur le trottoir, et les plateaux de pains baladi portés à vélo sur la tête et posés par terre. A base de blé complet, de couleur grisâtre, ils ont l’air poussiéreux d’avance. Lire le reste de cette entrée »